Le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le Lt général Constant Ndima a, dans une déclaration lue devant la presse, mardi à Goma, rassuré la population de la détermination des FARDC à contenir toujours les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, à Kibumba. « Je tiens à vous rassurer que les Forces loyalistes se comportent très bien sur le terrain des opérations, et contiennent l’ennemi dans les hauteurs de Kibumba », a-t-il déclaré, récusant ainsi « les rumeurs véhiculées par l’ennemi afin de créer une panique générale au sein de la population ».
L’autorité urbaine a, dans son appel, demandé à ses administrés de rester calmes et de vaquer librement à leurs occupations. « Toutefois, je vous demande de rester vigilants et de résister à l’ennemi », les a-t-il exhortés.
Un mouvement des déplacés hébergés dans les sites de Kibati, Kanyarucinya, Kahembe et Munigi, à l’entrée de la ville de Goma, pris de peur à la suite d’une relève jugée d’ordinaire des militaires engagés au front, a entraîné la panique, mardi, dans les rues du chef-lieu du Nord-Kivu.
Par ailleurs, le Facilitateur de l’EAC, Uhuru Kenyatta, arrivé le même jour à Goma en provenance de Kinshasa, a effectué une visite de réconfort auprès des déplacés à Kanyarucinya, aux côtés du gouverneur militaire, a appris l’ACP. « Il n’y a aucun danger, il n’y avait aucune raison de se déplacer car la situation reste sous contrôle », les a-t-il rassurés.
Cette situation intervient après que le Porte-parole de la 34e Région militaire, le Lt colonel Guillaume Ndjike Kaiko ait rassuré que les FARDC continuaient à contenir les provocations de l’ennemi à l’entrée de la cité de Kibumba, chef-lieu du territoire de Nyiragongo, situé à 29 km de Goma, et que tout était mis à contribution par l’armée loyaliste pour défendre l’intégrité du territoire national.
Le drame des déplacés du Nord-Kivu
Plusieurs milliers de ménages, contraints à l’errance, déferlent sur Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, depuis la reprise, le 20 octobre dernier, des hostilités lancées par le M23 soutenu par l’armée rwandaise.
La coordination provinciale de protection civile/Nord-Kivu a rapporté dernièrement que ces infortunés font face à des besoins vitaux dans les sites de Kibati, Kanyaruchinya, Munigi, dans le territoire de Nyiragongo, ainsi que dans la partie Nord de la ville de Goma. « En plus de l’assistance d’urgence remise par le Gouverneur de la province du Nord-Kivu, le lieutenant général Constant Ndima Kongba, les organismes internationaux s’activent depuis l’arrivée par vague de ces personnes en détresse. C’est le cas du CICR et des ONG MSF », précise la source.
Depuis la reprise des hostilités, renseigne-t-on, les localités du territoire de Rutshuru, telles que Rugari (40 km au Nord de Goma), Bweza (50 km au Nord-est de Goma) et Kisigari se sont vidés de la majorité de leurs habitants qui ont pris la direction Sud.
D’autres ont opté pour le Nord de Rutshuru en passant par le parc national des Virunga, jusqu’à atteindre les cités de Kanyabayonga, Kayina et Kibumba, dans le territoire de Lubero.
Quelques témoignages
Des témoignages recueillis, il y a deux semaines par des reporters de l’ACP sur les sites de l’Ecole primaire (EP) Neema Munigi, à Kanyaruchinya et Kibati faisaient état de conditions déplorables des déplacés.
« C’était en fuyant des tirs à l’arme lourde que mon mari a pris cette décision pénible, malgré mon état de santé et ma grossesse presque à terme », a déclaré Mme Rukundo Mapendo, âgée d’une trentaine d’années, venue de la localité de Kanombe-Bukima, dans le groupement Kisigari.
Celle-ci est installée avec sa famille à l’EP Neema, située au quartier Majengo, plus au Nord de la ville de Goma, où vivent 38 ménages des déplacés de guerre du M23 alternant avec les écoliers, dans la matinée.
Malgré sa situation, Mme Rukundo Mapendo ne demande qu’à regagner son domicile et à continuer de vaquer à ses occupations champêtres.
Dans la localité de Kanyaruchinya (à 7 km au Nord de Goma), Mme Rumba, la trentaine révolue, s’est dite d’abord très préoccupée par l’absence de son mari dont elle a perdu contact depuis la reprise des combats, le 20 octobre dernier.
« J’ai fui le groupement de Bweza, dans le territoire de Rutshuru, avec mes cinq enfants, sans aucun contact ici à Goma et je n’ai emporté que quelques effets que j’ai fini par vendre, pour chercher de quoi nourrir ces enfants », a-t-elle rapporté.
Soutien du Rwanda au M23
Le gouvernement congolais a toujours dénoncé l’agression de son territoire par le Rwanda, sous couvert du M23. Le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi a même eu à le dire du haut de la tribune des Nations unies, lors de la 77ème Assemblée générale de l’ONU à New York.
L’offensive et l’occupation de la cité de Bunagana, dans la province du Nord-Kivu, entrent dans ce cadre.
Par ailleurs, le rapport confidentiel du groupe d’experts des Nations unies sur la RDC, transmis aux Etats membres du Conseil de sécurité de l’ONU, accuse l’armée rwandaise d’avoir participé à des attaques contre des militaires congolais et d’avoir équipé et fourni des renforts au mouvement rebelle M23.
Le Rwanda a également fourni des renforts de troupes pour des opérations spécifiques du M23, en particulier lorsque celles-ci visaient à s’emparer des villes et des zones stratégiques, confirme ce document.
Les attaques du M23, appuyé par le Rwanda, à Rutshuru ont provoqué le déplacement de 234.488 personnes, depuis les zones de combat, vers des zones considérées comme sécurisées jusqu’à ce jour, signale « la Matrice de suivi des déplacements » (DTM). « Dans le territoire de Rutshuru, les attaques du groupe rebelle M23 ont provoqué le déplacement de 234.488 personnes (40 027 ménages) depuis les zones de combat (groupements de Jomba, Bweza et Kisigari) vers des zones considérées comme sécurisées, dans les territoires de Nyiragongo, Rutshuru et Lubero, notamment les zones de santé de Nyiragongo, Bambo, Kayna et Kibirizi », note le rapport de ce système de suivi des déplacements et de la mobilité des populations de l’Organisation mondiale des migrations (OIM), publié lundi 14 novembre 2022.
La localité de Kibumba, chef-lieu du territoire de Nyiragongo, une entité administrative déconcentrée de l’Est de la province du Nord-Kivu, ne compte qu’une seule chefferie dirigée par le Mwami et divisée en 7 groupements de 58 villages.
Elle est située sur la route nationale RN2, à 29 km au nord du chef-lieu de la province, Goma.
ACP/